André Yacinthe

1881-1965

André Yacinthe Rocquette dit Andréd’Hormon, est un sinologuefrançais spécialiste de la Chine. Conseiller diplomatique puis professeur de sciences politiques à l’université impériale de Pékin où il résida de 1906 à 1955.

De 1906 à 1931, conseiller diplomatique de la Présidence de la République et conseiller politique àla Présidence du Conseil. Il accueille Marcel Granet (1884-1940) lors de son séjour à Pékin, et vivent ensemble la mutinerie du 29 février 1912, qui marque les débuts de la République de Chine (1912-1949)
En 1936, cofondateur avec Jean-Augustin Bussière, Cai Yuanpei(1868-1940) et Li Shizeng (1881-1973) du Centre franco-chinois d’études sinologiques de Pékin, dont il fut le directeur. Ce centre sera ferméen 1953. André d’Hormon a également été le rédacteur en chef de la revue Études françaises dirigée par la Commission de l’édition culturelle sino-française. Après sa mort en 1965, la bibliothèque personnelle d’Andréd’Hormon a été léguée à la Fondation Royaumont qui l’a transmise, aux collections de la bibliothèque jésuite du Centre Culturel des Fontaines de Gouvieux-Chantilly. Ce fonds a ensuite été transféré en 1998 à la Bibliothèque municipale de Lyon.

Sources Wikipedia

Jacques Bacot

1877 – 1965

Explorateur et orientaliste, Jacques Bacot a été un des éminents spécialistes français du Tibet.

Né à Saint-Germain-en -Laye, J. Bacot prend très jeune le goût des voyages lointains et, dés 1904, à la fin de ses études, il accomplit un grand périple autour du monde. Membre de la Société de Géographie, celle-ci l’envoie en mission au Tibet de 1906 à 1907. En 1908, il suit des cours de sanscrit et de tibétain à l’École pratique des hautes études de Paris.

En 1909 il se rend à nouveau en Asie avec la ferme volonté d’atteindre cette fois le cœur du Tibet. La situation de la région est très troublée, plusieurs missionnaires et explorateurs ont été massacrés par des brigands. Lors de ce voyage il atteint la lamaserie de Litang sur la route de Lhassa. Au-delà de Litang, les lamaseries ont été brûlées ou transformées en casernes et les populations ont fui devant l’envahisseur chinois. Puis il parcourt la région sauvage et très accidentée où les grands fleuves de l’Asie se rapprochent le plus. Les lamas tibétains lui interdisent alors de continuer sa route à travers le grand nœud orographique qui sépare l’Iraouddi du Brahmapoutre d’où il aurait pu atteindre Lhassa. Bacot regagne la Chine par une route plus méridionale qui traverse des régions barbares, ne reconnaissant ni l’autorité de Lhassa, ni celle de Pékin. En 1910, Bacot retrouve la civilisation à Yunnan-Fou. De ces régions allogènes aux populations païennes, il rapporta des observations ethnographiques et linguistiques du plus haut intérêt.

« Orientaliste », c’est-à-dire tour à tour géographe, historien, archéologue, linguistique, ethnologue, historien de l’art… J. Bacot a été avant tout le grand spécialiste du Bouddhisme et de la civilisation tibétaine.

Jean Paulhan

A Tananarive Gustave-Charles Toussaint fait la connaissance de Jean Paulhan. Les deux hommes sont liés d’une amitié très chaleureuse. Jean Paulhan était enseignant au collège européen de Tananarive. Il y demeura près de trois ans, apprenant le malgache et sympathisant avec les autochtones. Toussaint adresse à son ami les premiers fragments de sa traduction de Padma Thang Yig. Devenu Président des cours consulaires de Chine, Toussaint reste en contact avec Jean Paulhan. Une correspondance épistolaire soutenue évoquent sa maison de Shanghai, sa visite estivale à l’île de Sakhaline et au bord des eaux pâles de la mer d-Okhotok, ses promenades dans une « brousse de lys orangés et de roses sauvages», sur les « terrasses d’agates du désert de Gobi »

Jean Paulhan est un écrivain, critique et éditeur français, né à NîmesHYPERLINK « https://fr.wikipedia.org/wiki/Nîmes » 1 (Gard) le 2 décembre 1884 et mort à Neuilly-sur-Seine le 9 octobre 1968. Il a publié sous les noms de Jean Guérin et Maast.

Fils du philosophe Frédéric Paulhan, Jean Paulhan étudie la psychologie française dans le sillage de Pierre Janet et de Georges Dumas. Il écrit dans des revues de philosophie, comme La Revue philosophique de la France et de l’étranger, ou de sciences sociales, comme Le Spectateur. Il fréquente assidûment les milieux anarchistes, et s’intéresse déjà aux lieux communs et aux proverbes, thèmes auxquels il pense consacrer sa thèse. À la fin de 1907, il part pour Madagascar, où il enseigne le français et le latin — parfois aussi la gymnastique — au lycée de Tananarive (Madagascar), colonie française à l’époque. C’est là qu’il recueille des textes populaires malgaches, les hain-teny, qui prolongent sa réflexion sur la logique de l’échange.
De retour en France à la fin de 1910, il donne des cours de langue malgache à l’École des langues orientales. Il fait paraître en 1913, chez l’éditeur Paul Geuthner, le recueil de poésies populaires malgaches qui le fait connaître auprès des écrivains, notamment de Guillaume Apollinaire.

Jeanne Perdriel-Vaissière

Jeanne Perdriel-Vaissière, née Jeanne Lucie Sidonie Vaissière le 17 janvier 1870 à Ajaccio, morte le 23 mars 1951 à Paimpol, est une poète et romancière française, connue également sous le nom de plume de Saint-Cygne.

Née à Ajaccio, Jeanne Perdriel-Vaissière vécut notamment à Brest, puis à Paimpol où elle mourut. Épouse d’Eugène Perdriel, capitaine de vaisseau2, elle fut l’amie de Victor Segalen, Jules Romains, Théodore Botrel, Anatole Le Braz, Charles Chassé, Saint-Pol-Roux ou encore Charles Le Goffic qu’elle fréquentait tantôt lors du salon littéraire qu’elle organisa entre 1900 et 1920, 13 rue Voltaire à Brest, tantôt à la Société académique de Brest à laquelle elle participa de 1893 à 19204.

Sources Wikipédia

S CH Leconte

Extrait de l’article de Ouest Éclair du 13 décembre 1938.

« De jour en jour, ils vont s’éclaircissant, les rangs de la phalange des poètes qui, aux beaux jours de leurs vingt ans, il y a déjà un demi-siècle, avaient, à l’appel de Tiercelin, sous la bannière de l’hermine, su donner à la Renaissance littéraire bretonne un si prestigieux éclat.

Après Tiercelin, Le Braz et Le Gof-fle, Lud Jan et Frédéric Blin, Robert du Pontavice, Th. Lemonnier, Jos Par Ker, Le Guyader, Le Lasseur de Ranzay, et tant d’autres, sans oublier leur éditeur rennais, notre Lemerre breton, le bon Caillière à la barbe fleurie, l’année qui s ‘achève vient de creuser encore de nouveaux et douloureux vides parmi les survivants de plus en plus raréfiés de l’Hermine et du Parnasse breton.

Avec notre doyen, le noble poète Olivier de Gourcuff, cette année 1938 aura ainsi vu disparaître , après Mme Madeleine Maurin, aux vers d’une pureté tout hellénique, le grand artiste C-A. Collin, le compositeur à l’inspiration si bretonne, et qui fut si souvent, naguère, le collaborateur musical de Tiercelin.

Et voici que tout récemment, la faux de l’Ankou vient encore de coucher brusquement dans la tombe, le chantre enthousiaste des chênes et des ossuaires de notre vieil Armor. Le poète de Stupeur, du Cœur qui tremble et du Miroirs des Goules, un rennais devenu au cours d’une brillante carrière judiciaire à travers la France d’Outre-Océan, le Premier Président G.Ch. Toussaint.

Après avoir été, aux premiers jours de la Renaissance bretonne, l’un des hôtes les plus assidus du kerazur paraméen et de la maison rennaise de l’hermine, il quittait la Bretagne à la fin de 1893 pour s’en aller comme substitut jusqu’aux Antipodes, où il devait retrouver un autre poète comme collègue et comme ami en la personne de S. CH. Leconte, futur président de la Société des Poètes français. Puis, G.Ch. Toussaint, des grandes Indes à Madagascar et de l’Indochine française à la Chine, s’élève de degré en degré, par ses rares qualités professionnelles, aux plus éminents sommets de la hiérarchie judiciaire. Et l’on voit le haut magistrat colonial et le Juge suprême des intérêts français en Chine, et d’un savant orientaliste d’une maîtrise hors de pair dans le domaine des langues, des civilisations et des religions millénaires des Indes, de la Chine et du Tibet.

C’est ainsi qu’il découvrait dans une lamaserie himalayenne, et traduisait en français un mystérieux et hermétique poème religieux tibétain de 34.000 vers , le « Dict de Padma » qui constitue la geste ésotérique et lyrique du fondateur du lamaïsme, le fameux Guru.

Publiée en 1933, dans la bibliothèque de l’Institut des Hautes Études chinoises et jugée de tout point admirable par les initiés, cette traduction, à laquelle il consacra 17 ans de sa vie intellectuelle, l’a classé au tout premier rang des savants orientalistes non seulement de France, mais de l’Europe, ainsi que le rappelait récemment un article du journal la Temps.

Quand à l’incontestable valeur juridique, voire diplomatique du magistrat, elle était mise en relief par les termes particulièrement élogieux de sa présentation pour la rosette rouge, en 1927, à la fois par le Ministre de France à Pékin et le directeur de l’administration de la Justice en Indochine, en raison des inestimables services rendus par lui à la cause et aux intérêts français en Extrême-Orient.

Et voici qu’au terme de sa course à travers les mers et les continents, c’est dans sa bretagne natale, cette « terre des chênes » à laquelle son cœur demeura toujours attaché d’un amour indéfectible, que, selon son dernier vœu, il vient de revenir dormir son dernier sommeil dans le cimetière de Paramé, entre ses deux grands amis, les poètes S CH Leconte et Louis Tiercelin. »

La Société des Poètes français.

Bons D’Anty

Diplomate et explorateur, Pierre Bons d’Anti a été un des meilleurs spécialistes de la Chine méridionale à la fin du XIXe siècle. Il s’initie aux civilisations asiatiques à l’école des langues orientales. Il opte pour le service des consulats. Élève-interprète à Tien-Tsin, il occupe ensuite des postes de plus en plus importants. Il est nommé en 1889 consul de France à long-Tcheou.

Henri Hoppenot

Henri Hoppenot, né à Paris le 25 octobre 1891 et mort dans la même ville le 10 août 1977, est un diplomate et haut-fonctionnaire français. Représentant la France au Conseil de sécurité des Nations unies (1952-1955), il fut le dernier commissaire-général de l’Indochine française (1955-1956).

Henri Hoppenot est né à Paris le 25 octobre 1891. En août 1914, au moment du déclenchement de la Première Guerre mondiale, il entre au bureau de la presse du ministère des Affaires Étrangères dirigé par Philippe Berthelot, où il rencontre Alexis Léger (Saint-John Perse en littérature), reçu au concours, et déjà dans la place. Ils entretiendront une amitié de plus de soixante ans, dont la trace reste illustrée par une abondante correspondance1. Les deux hommes trouvent également dans les bureaux les diplomates écrivains, Jean Giraudoux, Paul Morand et Paul Claudel, mais aussi Darius Milhaud.
En 1917, il est nommé attaché à l’ambassade de France à Berne : il croise le jeune Walter Benjamin, traducteur et universitaire, à qui il parle de la poésie de Saint-John Perse : Benjamin devient le premier à traduire ce poète en allemand.
Henri Hoppenot épouse Hélène Delacour : devenue photographe sous le nom d’Hélène Hoppenot, elle est l’auteur d’un journal intime où l’on peut suivre la vie diplomatique et littéraire de cette époque à travers les multiples voyages de son mari.
En avril 1917, il est nommé secrétaire d’ambassade à Rio de Janeiro : là il retrouve Claudel, ambassadeur, et son assistant, Darius Milhaud, avec qui l’amitié ira en grandissant. En 1927, Hoppenot alors en poste à Berlin, écrit trois livrets des Opéras-minute de Milhaud, à savoir L’Enlèvement d’Europe, L’Abandon d’Ariane et La Délivrance de Thésée.
En 1933, il est nommé ambassadeur à Pékin, puis en 1938, sous-directeur de la division Europe au ministère des Affaires étrangères.
Après l’armistice, il est nommé par le Gouvernement de Vichy ministre plénipotentiaire à Montevideo. S’il se heurte très durement à Albert Ledoux, représentant personnel du général de Gaulle et de la France libre pour toute l’Amérique du Sud, il finit par se rallier à ce dernier. De fait, il est nommé au nom de la France libre, directeur des services civils de la mission militaire à Washington. En juin 1943, il est le délégué du Comité français de Libération nationale aux États-Unis et de là, assure le passage des Antilles françaises sous le contrôle de la France libre, en prenant le poste de gouverneur. En 1944, il est le délégué du gouvernement provisoire de la République aux États-Unis.
De 1945 à 1952, il est ambassadeur de France à Berne, après huit mois de vacance du poste en raison d’une certaine réserve du Conseil fédéral à l’égard du Gouvernement provisoire. Il s’emploie à rétablir la confiance entre les deux pays, aidé par le consul général de France à Genève Xavier de Gaulle, en poste de 1944 à 1953. Entre temps, Hoppenot devient en 1951 membre d’honneur du musée des beaux-arts de Berne et publie un album de photographies de son épouse intitulé Extrême-Orient chez Ides et Calendes (Neuchâtel).
Entre 1952 et 1955, il est le représentant permanent de la France au Conseil de sécurité de l’ONU.
De 1955 à 1956, il est le commissaire-général français en Indochine et le dernier à ce poste.
Enfin, de 1956 à 1964, il est membre du Conseil d’État français, puis part en retraite.

Sources Wikipedia

Jean-Augustin Bussière

Extrait de « Mémoires de Pékin » : Docteur Jean-Augustin Bussière, un humaniste français en Chine. (avec l’accord de la Fondation Jean-Augustin Bussière)

« Jean-Augustin Bussière, né le 9 juillet 1872 à Chard dans la creuse, est fils d’instituteur et l’aîné de sept enfants. A vingt ans, il décide d’embrasser la carrière de médecin militaire et après 20 années d’expérience dans les pays d’Asie, d’Afrique et du moyen-Orient, il arrive en Chine en 1913, pour y mener pendant 41 ans une existence qui fera de lui un héros.

Après un an passé à Tianjin, il est nommé médecin de la légation de France à Pékin en 1914. Il occupe en parallèle le poste de directeur à l’hôpital St-Michel, poste qui l’amène à devenir médecin-conseiller des familles de hauts dignitaires chinois et de la présidence. Installé en plein centre de Pékin, dans sa maison à cour carrée, agrémentée de patios fleuris et décorée dans la tradition chinoise, le docteur Bussière tient salon et reçoit régulièrement les élites des milieux socioculturels.

Au pied de sa résidence de campagne à Xishan, dans les collines à l’ouest de Pékin, le docteur Bussière construit un dispensaire où il prodigue bénévolement soins et traitements aux plus démunis. Humaniste et réformateur passionné, il a joué un rôle fédérateur dans la réalisation du projet « le Mouvement estudiantin travail-études à l’étranger » des boursiers chinois, tout comme dans la fondation en août 1921 de l’Association universitaire franco-chinoise.

L’été 1937 va changer complètement la vie paisible du docteur français. Le 7 juillet 1937, près de Pékin, l’armée japonaise provoque l’Incident du pont de Lugou (pont Marco Polo), et déclenche son invasion générale de la Chine. Comme de nombreux étrangers vivant alors en Chine, le médecin français prend part à la lutte sans hésiter. Il vient en aide aux victimes et aux blessés de guerre, protège l’évacuation des gens en danger ; mais surtout profitant de son statut d’étranger, il va et vient entre la zone sous occupation japonaise et la zone de’ Jin-Cha-Ji des résistants, contribuant au péril de sa vie à ravitailler la base anti-japonaise en médicaments précieux. Ses actes sont aujourd’hui appréciés à l’égal des fameux transports aériens des pilotes The Hump. Le président chinois Xi Jinping en a parlé de façon très élogieuse, disant que c’était « The Hump à vélo ».

En 1954, Jean-Augustin Bussière rentre en France accompagné de sa jeune épouse chinoise Wu Sidan et se retire dans son village natal de Châteauneuf-les-Bains où il s’éteint quatre ans plus tard en 1958, à l’âge de 85 ans ».

C’est à Pékin que le docteur Bussière rencontre Gustave-Charles Toussaint. Une grande amitié lie les deux hommes comme en témoignent les longs courriers que s’échangèrent les deux français entre Pékin, Shanghai, le Japon, Hanoï et Paris. En 1920 ils organisent ensemble un voyage en Mongolie ( voyage dit de la « tête de cheval ») avec Alexis Léger et Henri Picard-Destelan. Le docteur Bussière et André d’ Hormon deviennent les deux témoins de mariage de Gustave-Charles Toussaint en 1921 à Pékin. A la naissance de son fils François, Gustave-Charles Toussaint le choisit comme parrain.

Saint-John Perse

Alexis Leger, dit Saint-John Perse, né le 31 mai 1887 à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe et mort le 20 septembre 1975 à Hyères dans le Var, est un poète, écrivain et diplomate français, lauréat du prix Nobel de littérature.

Ayant réussi le concours des consulats en 1914, Alexis Leger est affecté au service de presse du ministre Théophile Delcassé, puis à la Maison de la presse du ministère des Affaires étrangères avant d’être nommé secrétaire de la légation française de Pékin où il reste de 1916 à 1922. Remarqué par Aristide Briand, il est nommé à l’administration centrale du ministère en 1922 puis devient en 1925 directeur du cabinet du ministre. En février 1933, il remplace Philippe Berthelot souffrant au poste de secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, poste qu’il occupe jusqu’en 1940, avec les rang et dignité d’ambassadeur de France.

Sources Wikipedia

Victor Segalen

1878-1919

Segalen, Médecin de la Marine, voyageur, poète, visionnaire, a recherché en Polynésie et en Chine les racines même des civilisations traditionnelles menacées par l’Europe.

En 1908 il apprend le chinois à l’École des langues orientales. En 1909 il est envoyé à Pékin comme élève interprète et entreprend un grand périple en Chine avec son ami G. de Voisins. En 1913, ils élaborent un projet de voyage archéologique et géographique dans le Tibet oriental.

V. Segalen retrouve la Chine en 1917, pour une courte mission où il rencontre à Pékin un compatriote breton, Gustave-Charles Toussaint, qui revenait alors du Tibet. De cette rencontre est née une grande amitié entre les deux hommes et s’influencèrent mutuellement : Ségalen transmit sa verve poétique à Gustave-Charles Toussaint qui traduisit dés lors les chants du Dict de Padma avec la fougue de Ségalen, et Toussaint transmit sa passion pour le Tibet à Ségalen qui composa des poèmes en s’inspirant des travaux de son ami. Ségalen avait été introduit ainsi au mysticisme tibétain par Toussaint. Il avait lu à Ségalen des passages du Padma Thang Yig en tibétain d’une voix solennelle et l’écoute de cette poésie aux sons exotiques et majestueux avait ébloui Ségalen. Cela avait été une véritable illumination sonore pour Ségalen. De plus Toussaint avait fourni à Ségalen la traduction poétique qu’il avait faite du texte tibétain qu’il avait intitulé LE DICT DE PADMA. Ségalen avait été ébloui par la lecture des passages en tibétain comme il avait été transfiguré par le récit du moine Sélananda à Ceylan. Il naquit ainsi de cette rencontre de nombreux poèmes, dont ceux publiés dans le recueil de Ségalen, Thibet.

L’écrivain Michael Taylor insiste avec raison sur l’influence qu’a pu exercer Toussaint dans la conception de Thibet : « … l’homme devait être remarquable assurément pour s’être attiré, outre celle de Ségalen, l’amitié de Jean Paulhan et de Saint-John Perse… Toussaint était un autodidacte spécialiste du Tibet : six ans plus tôt, il s’était rendu seul à la lamaserie tibétaine de Litang sur la route de Batang. Cet incroyable fonctionnaire colonial, un breton comme Ségalen, était tombé si complètement sous le charme de l’atmosphère raréfié du Tibet, qu’il passait à présent toutes ses heures de loisirs à traduire un épais manuscrit très ancien et très peu claire qu’il avait acquis à Litang, un récit épique en vers qui racontait la vie de Padmasambhava, le vagabond sacré qui est le fondateur du bouddhisme tibétain. Trop content de rencontrer quelqu ‘un qui montrât de l’intérêt pour son projet fou, Toussaint lui fit lire à Ségalen des passages de sa traduction et d’une voix fervente lui récita de nombreuses strophes dans la langue originale. » .